Séance de rattrapage : « No » sans hésitation
Le temps n’est pas extensible. Et quand No, un film du réalisateur chilien Pablo Larraín, a débarqué au cinéma, il n’a pas été possible d’assister à une projection.
Séance de rattrapage indispensable donc, alors que ce long-métrage avec Gael García Bernal vient de sortir en DVD.
La dictature de Pinochet tangue sévèrement. Le général putschiste, espérant inspirer des signes d’ouverture, organise un référendum pour que les Chiliens décident si, oui ou non, il restera au pouvoir. Alors qu’il est persuadé d’être conforté à La Moneda, il offre, grand seigneur !, aux partisans du « non » quelques minutes d’antenne pour faire campagne.
C’était sans se douter qu’ils seraient particulièrement imaginatifs et pugnaces et que leurs publicités entraînantes mobiliseraient les Chiliens.
Levons d’abord une ambiguïté : il s’agit d’une histoire vraie. Du moins, partiellement, le personnage de René Saavedra, le publicitaire interprété par Gael García Bernal, n’a jamais existé. Le reste, la campagne contre Pinochet, les spots publicitaires décalés et drôles, l’engouement populaire plus fort que la Dina (la violente police politique au Chili durant la dictature)… tout ça est vrai et brillamment traité. Avec justesse et rythme, Larraín captive réellement autour d’un événement politique majeur qu’il rend accessible même aux non-connaisseurs. Habile mélange de fiction et d’images d’archives, ce No fait ressentir toute la tension de l’époque et cette envie bridée qui ne demandait qu’à exploser.
Derrière la caméra, Pablo Larraín conclut sa trilogie involontaire autour de la dictature. Avec Tony Manero, film sorti en 2009 et injustement passé inaperçu (mais disponible en DVD pour les retardataires, chez Blaq Out), Larraín filmait le Chili de la dictature en filigrane derrière l’histoire d’un homme fasciné par Travolta dans La fièvre du samedi soir. Dans Santiago 73, la vie d’un médecin légiste bascule le jour du putsch. Ces deux films baignent dans l’obscurité, le gris… Rien à voir avec No, film lumineux, comme si le réalisateur voulait appuyer sur la fin des années noires et l’entrée dans une ère meilleure.
Bien sûr, No marque aussi l’avènement de la publicité reine. Mais il se révèle surtout passionnant et richement documenté.
Les bonus du DVD complètent le film et redonnent à voir les campagnes d’époque que l’on peut aussi retrouver au « Musée de la Mémoire », inauguré en janvier 2010 à Santiago.
Un aperçu du film, voici la bande-annonce :
No, en DVD, de Pablo Larraín (1h57) avec Gael García Bernal, Antonia Zegers, Alfredo
Castro, 19,99 €, sorti chez Wild Side.
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