Chili et carnets

Le Chili sous toutes les coutures

Séance de rattrapage : « No » sans hésitation

with 3 comments

Gabriel García Bernal incarne le publicitaire fictif qui aurait imaginé l'audacieuse campagne du "Non" à Pinochet en 1988 (photos DR Wild Side)

Gabriel García Bernal incarne le publicitaire fictif qui aurait imaginé l’audacieuse campagne du « Non » à Pinochet en 1988 (photos DR Wild Side)

Le temps n’est pas extensible. Et quand No, un film du réalisateur chilien Pablo Larraín, a débarqué au cinéma, il n’a pas été possible d’assister à une projection.
Séance de rattrapage indispensable donc, alors que ce long-métrage avec Gael García Bernal vient de sortir en DVD.
La dictature de Pinochet tangue sévèrement. Le général putschiste, espérant inspirer des signes d’ouverture, organise un référendum pour que les Chiliens décident si, oui ou non, il restera au pouvoir. Alors qu’il est persuadé d’être conforté à La Moneda, il offre, grand seigneur !, aux partisans du « non » quelques minutes d’antenne pour faire campagne.
C’était sans se douter qu’ils seraient particulièrement imaginatifs et pugnaces et que leurs publicités entraînantes mobiliseraient les Chiliens.

Le scénario reprend les vraies chansons et les clips d'époque qui ont rythmé la campagne innovante

Le scénario de « No » reprend les vraies chansons et les clips d’époque qui ont rythmé la campagne innovante

Levons d’abord une ambiguïté : il s’agit d’une histoire vraie. Du moins, partiellement, le personnage de René Saavedra, le publicitaire interprété par Gael García Bernal, n’a jamais existé. Le reste, la campagne contre Pinochet, les spots publicitaires décalés et drôles, l’engouement populaire plus fort que la Dina (la violente police politique au Chili durant la dictature)… tout ça est vrai et brillamment traité. Avec justesse et rythme, Larraín captive réellement autour d’un événement politique majeur qu’il rend accessible même aux non-connaisseurs. Habile mélange de fiction et d’images d’archives, ce No fait ressentir toute la tension de l’époque et cette envie bridée qui ne demandait qu’à exploser.
Derrière la caméra, Pablo Larraín conclut sa trilogie involontaire autour de la dictature. Avec Tony Manero, film sorti en 2009 et injustement passé inaperçu (mais disponible en DVD pour les retardataires, chez Blaq Out), Larraín filmait le Chili de la dictature en filigrane derrière l’histoire d’un homme fasciné par Travolta dans La fièvre du samedi soir. Dans Santiago 73, la vie d’un médecin légiste bascule le jour du putsch. Ces deux films baignent dans l’obscurité, le gris… Rien à voir avec No, film lumineux, comme si le réalisateur voulait appuyer sur la fin des années noires et l’entrée dans une ère meilleure.
Bien sûr, No marque aussi l’avènement de la publicité reine. Mais il se révèle surtout passionnant et richement documenté.
Les bonus du DVD complètent le film et redonnent à voir les campagnes d’époque que l’on peut aussi retrouver au « Musée de la Mémoire », inauguré en janvier 2010 à Santiago.
Un aperçu du film, voici la bande-annonce :

"No", en DVD et VOD

« No », en DVD et VOD

 

No, en DVD, de Pablo Larraín (1h57) avec Gael García Bernal, Antonia Zegers, Alfredo
Castro, 19,99 €, sorti chez Wild Side.

3 Réponses

Subscribe to comments with RSS.

  1. […] Pinochet a été contraint de lâcher le pouvoir ; un épisode historique relaté dans le film No, que nous évoquions il y a peu. Récemment encore, le 11 septembre a refait parler de lui. […]

  2. […] liberté sexuelle. Et lorsque le général putschiste tente de s’imposer à nouveau, via le référendum de 1988, Lemebel crée un collectif d’artistes baptisé « Les juments de […]

  3. […] du centre et de la gauche, NDLR] a joué selon les règles qui étaient établies – car, si le « No » l’a emporté, il y avait aussi des partisans du « Si » à Pinochet – avec une […]


Répondre à Le Chili aux urnes pour enterrer (ou pas) la Constitution pinochetiste | Chili et carnets Annuler la réponse.