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Les « wanted » du Chili

La page Interpol des personnes recherchées par les autorités chiliennes au 20 mai 2013 (illustrations captures d’écran Interpol)
Sur le site d’Interpol, les mines patibulaires fixent l’internaute. Classés par pays, les criminels les plus recherchés des polices du monde ont le droit à leurs fiches et à leurs clichés en bonne et due forme. Pour le Chili, dix personnes font l’objet d’un avis de recherches pour des raisons diverses et variées. Lire le reste de cette entrée »
Chili : des anciens dirigeants de la Colonia Dignidad en prison
Trois Allemands (Kurt Schnellenkamp, Gerhard Mucke, Gunter Schaffrik Bruckmann) et le Chilien Dennys Alvear vont passer leur première nuit en prison après avoir été condamnés par la Cour Suprême, lundi 18 février 2013. Les quatre individus étaient des dirigeants de la Colonia Dignidad (devenue Villa Baviera), aux côtés de l’ancien nazi Paul Schäfer. Décédé en 2010, il était le créateur de ce sordide domaine où, dès 1961, les actes pédophiles, les disparitions troubles et les expériences inhumaines ont été légion (Chili et carnets évoquait ce passé trouble ici). Ils vont purger des peines allant de cinq à onze ans pour le viol et la complicité de viol sur un mineur de moins de 12 ans, des abus sexuels, des enlèvements de mineurs…
Seize autres dignitaires ont été condamnés et la justice chilienne espère que l’un d’entre-eux, Gerd Seewald, va se rendre spontanément, comme l’a fait son compatriote Dennys Alvear. Un autre complice, le docteur Harmutt Hopp, a fui en Allemagne en 2011. Il est sous le coup d’une peine de cinq ans pour complicité et abus sexuels. Les quatorze autres ont été condamnés à quatre ans de prison mais bénéficient d’un régime de liberté sous surveillance.
Ces condamnations, plus que tardives, marquent tout de même une avancée, à l’instar du procès des treize militaires chiliens en décembre 2010 (à lire ici). Elles montrent que, peu à peu, le Chili veut se défaire de ses démons. La route est encore longue, de nombreux cas de disparitions n’ont pas encore été étudiés. Entre 1973 et 1990, durant la dictature de Pinochet, plus de 1200 opposants ont disparu.
Vendre le passé pour acheter un présent

Véritable Etat dans l'Etat, la Colonia Dignidad a longtemps été le "terrain de jeu" d'anciens nazis (photo DR)
Le Chili va tenter de faire amende honorable samedi 21 août. Une grande vente aux enchères est organisée, elle devrait permettre de racheter un passé peu reluisant. Les biens dispersés appartenaient en effet à la tristement célèbre Colonia Dignidad (lire également le sujet sur « Borderline ») et sont, depuis, passés dans les mains de la justice.
Le domaine allemand – créé en 1961 et dirigé par l’ancien nazi Paul Schäfer – fut le théâtre d’événements sordides. Des actes pédophiles commis contre de jeunes Mapuches, des expériences pour une éventuelle guerre bactériologique, des tortures envers des opposants à la dictature… L’aire sous influence germanique, largement soutenue par Pinochet, a fait des centaines de victimes. Et ni le changement d’image en 1991 quand la Colonia été rebaptisée Villa Baviera, ni la tentative d’ouvrir le site (170 km² perdu au milieu de nulle part à quatre heures de Santiago) aux touristes en mal de grands espaces n’ont permis à l’ancienne enclave nazi de se détacher de sa sulfureuse réputation.
Samedi, la vente aux enchères organisée sur le domaine aura tout du symbole. Après le décès de Schäfer le 24 avril 2010, la justice chilienne semble vouloir se débarrasser des dernières traces de la Colonia. Un antique avion dix places, des vélos, des pompes à essence, des uniformes, du matériel médical et quelque 1000 autres accessoires divers et variés vont être éparpillés. Montant estimé des recettes : environ 10 milliards de pesos (près de 15,3 millions d’euros). Plus de 6 millions d’euros seront redistribués aux victimes de Schäfer ont précisé les autorités ravies de voir l’embargo levé sur le matériel entreposé depuis cinquante ans. La vente permettra-t-elle de laver la réputation entachée de la Villa et d’en faire enfin, comme le souhaitent les professionnels du tourisme, un site privilégié ? La rédemption n’est pas encore acquise…