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Chili : la dictature au régime

Pinochet, ici le 11 septembre 1982 au Chili, dirigeait-il une dictature ou un régime militaire ? Le ministère de l'Education chilien veut modifier la dénomination (photo DR Wikimédia commons Ben2)
(article mis à jour le 27 janvier 2012 avec décision finale)
11 septembre 1973. Les avions militaires chiliens bombardent le palais présidentiel La Moneda, les militaires arrêtent les « dissidents », le président Salvador Allende se suicide. Les prisonniers politiques sont torturés voire tués. Le général Augusto Pinochet, appuyé par les Etats-Unis, prend la tête du pays. Le gouvernement démocratique est renversé. Le pouvoir militaire se met en place. Autoritaire, sans liberté de penser, répressif. La dictature est en place.
Sauf que, maintenant, au Chili, il ne faudra plus dire « dictature » mais « régime militaire ». C’est du moins ce que devraient apprendre les jeunes chiliens dans les nouvelles éditions des livres d’histoire. Lire le reste de cette entrée »
Une condamnation « pour l’exemple »
C’était le procès du symbole, ou le procès de « La dictature Pinochet » : ce vendredi 17 décembre, la Cour d’Assises de Paris a condamné treize militaires pour les exactions commises à l’encontre de quatre Français (Georges Klein, Alphonse Chanfreau, l’ancien prêtre Etienne Pesle et Jean-Yves Claudet) disparus après le coup d’Etat de 1973. José Zara Holger, 77 ans, officier en poste à la DINA a, lui, été acquitté.
Comme annoncé, la condamnation, certes lourde (de 15 ans à la perpétuité), demeure symbolique. Les accusés n’ont pas jugé nécessaire de se présenter ou de se faire représenter… Les mandats d’arrêts internationaux délivrés en 2005 ont été confirmés. Mais le Chili n’extrade pas ses ressortissants et ils ont donc peu de chances d’être utiles.
Qu’importe, comme le soulignait Roberto Pesle, fils d’un disparu : « L’important n’était pas la condamnation mais la tenue du procès en lui-même et l’établissement de la vérité ».
Pour en savoir plus, Chili et carnets s’était déjà penché sur ce procès ici, avec l’interview de Me Bourdon, et ici.
Le procès tant attendu

Spécialiste de la réforme agraire, l'ancien prêtre Etienne Pesle est l'une des premières victimes françaises du coup d'Etat chilien (photo DR)
Mercredi 8 décembre, le procès de quatorze militaires chiliens s’ouvre devant la cour d’assises de Paris. Jugés pour « arrestations, enlèvements, séquestrations arbitraires avec torture ou actes de barbarie », les accusés ne seront pas dans le box malgré un mandat d’arrêt international les visant. Augusto Pinochet, Paul Schaeffer et trois autres dignitaires de la dictature étaient également visés par ce procès. Leurs décès ont éteint l’action publique initiée il y a douze ans.
Ce procès doit enfin faire la lumière sur les disparitions des Français Georges Klein, Alphonse Chanfreau, l’ancien prêtre Etienne Pesle et Jean-Yves Claudet. Proches d’Allende ou membre de la gauche révolutionnaire (le MIR), ils ont disparu entre 1973 et 1975 après la prise de la Moneda par Pinochet.
Il en aura fallu du temps pour que la justice française se penche sur ces dossiers. Mais cela semble être une constante pour ce genre d’affaires. D’autres procédures peinent à trouver écho au Chili malgré la promesse du président Sebastián Piñera de ne pas amnistier les militaires ayant commis des exactions durant la dictature. Certes, la soixantaine de procédures court encore mais elle se perd dans la lourde machine administrative et reste bloquée au ministère de l’Intérieur. Une situation dénoncée par de nombreuses associations de victimes mais très peu relayée au Chili.
En France aussi, les associations de défense des droits de l’Homme sont aux aguets. Ce procès sans accusé demeure un symbole de la lutte contre les années noires. Tardif. Mais indispensable.