Chili et carnets

Le Chili sous toutes les coutures

Chili – Pérou : La Haye d’honneur

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Le président Piñera estime que le Chili n'a pas à revenir sur des accords signés que le Pérou rejette (photo Alex Ibáñez / Gobierno de Chile)

Le président Piñera estime que le Chili n’a pas à revenir sur des accords signés que le Pérou rejette (photo Alex Ibáñez / Gobierno de Chile)

Depuis plusieurs semaines, le Chili et le Pérou sont suspendus à une décision de justice. Une décision attendue depuis… 1884 ! La Guerre du Pacifique a beau être terminée depuis bien plus d’un siècle, les conséquences continuent de perturber les relations entre les deux pays, déjà pas vraiment amicales.
C’est en effet depuis cette guerre que les frontières maritimes ont été redessinées avec l’arrivée d’Arica dans le giron du Chili. La ville la plus méridionale du Pérou devenant ainsi la ville la plus septentrionale du Chili. Les droits côtiers ont alors changé et le Pérou a vu sa zone maritime réduite d’environ 37000 km² que le gouvernement péruvien entend bien récupérer.
En 2008, l’Etat péruvien a ainsi saisi la Cour internationale de justice de la Haye (en Hollande) pour qu’elle tranche cette épineuse question de frontières submarines. Car des deux côtés de la démarcation, les avocats ont fourbi leurs armes. Les défenseurs du Pérou indiquent qu’aucun document ne justifie une telle décision et que le chili n’a pas à accaparer cette précieuse zone de pêche. Pêche, justement, c’est sur les traités de pêche ratifiés en 1952 et 1954 que les conseils du Chili s’appuient pour justifier la séparation.
Pour le gouvernement chilien, présidé encore pour quelques semaines par Sebastián Piñera, l’affaire se joue aussi sur le terrain militaire. Un tel changement offrirait une vue plongeante sur les terres chiliennes. Il suffit de voir la carte (faite à la main et non à l’échelle) pour s’en rendre compte.

Carte indiquant approximativement la zone de conflit entre le Chili et le Pérou (fond de carte Google Map)

Carte indiquant approximativement la zone de conflit entre le Chili et le Pérou (fond de carte Google Map)

Les réunions au palais présidentiel de la Moneda n’ont pas arrêté. Et, fait rare, tout le monde fait bloc derrière le président sortant, bien décidé à défendre les limites pacifiques chiliennes.
La décision est donc attendue ce lundi 27 janvier. Piñera et son homologue péruvien Ollanta Humala ont fait savoir qu’ils s’en tiendront à la décision de la Haye. Dont acte. Mais un troisième pays attend le délibéré avec impatience : La Bolivie. Chaque année, le 23 mars, jour de la fête de la mer, le président bolivien Evo Morales indique qu’il souhaite porter plainte à la Haye contre le Chili. Et ce afin de récupérer son accès à l’océan perdu à la fin de la Guerre du Pacifique. Le différend entre le Chili et le Pérou a été étudié à la loupe par des émissaires boliviens qui ont suivi de près les débats en Hollande. Gageons que la décision hollandaise pourra avoir des répercussions sur les relations chileno-boliviennes cette fois.
Cela permettra peut-être à un autre auteur de composer une chanson pour défendre la fraternité entre les pays voisins, à l’image de la vidéo ci-dessous…

MàJ

La Haye a tranché : le Pérou va bien récupérer une partie de cette zone maritime. Une large partie même : 70% de ce qui était réclamé !
Pour Michelle Bachelet, qui doit prendre ses fonctions en mars, c’est un coup dur, mais elle a garanti que cette réattribution se fera progressivement. De quoi agacer à nouveau les Péruviens qui veulent l’application immédiate de cette décision.

2 Réponses

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  1. […] de cause, le 27 janvier 2014, pour récupérer 27000 km² de zone maritime (le pays en réclamait 37000) au large du Chili, perdu également durant la Guerre du Pacifique. Et la décision a été […]

  2. […] durant cette Guerre du XIXe siècle, après une longue procédure (Chili et carnets en parlait ici). Cette fois, c’est une association venue du Pérou qui lorgne un territoire chilien, allant […]


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