Chili et carnets

Le Chili sous toutes les coutures

Chili : la « résurrection » de Rivera

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"L'art de la résurrection", le nouveau livre d'Hernán Rivera Letelier traduit en français. Dur d'y entrer mais surprenant

« L’art de la résurrection », le nouveau livre d’Hernán Rivera Letelier traduit en français. Dur d’y entrer mais surprenant

Hernán Rivera Letelier, c’est l’histoire d’une rencontre avortée. L’auteur devait être présent à Vincennes, lors du festival America, aux côtés des Parra, Sepúlveda et autre Calderón. « Hernán a raté son avion », a fait savoir le service de presse de Métailié, la veille du festival. Renseignements pris, il semble que l’auteur chilien soit coutumier du fait.
Qu’importe. Son dernier livre vient de paraître en France. Son nom de baptême : L’art de la résurrection.
1942, au Chili, dans les mines de salpêtre du Nord. Le Christ d’Elqui vient chercher une prostituée dévote, Magalena. La jeune femme vend son corps aux mineurs. Et fait même crédit en temps de grève, non sans prier la Vierge de Carmen chaque soir.
Tant de ferveur, le Christ d’Elqui, ça le met dans tous ses états. Car l’homme à l’apparence messianique est avant tout un homme. Roublard et  porté sur le pêché de chair, il parcourt le pays pour prêcher la bonne parole à sa manière. Mais la rencontre entre ses deux personnages moins bibliques que les originaux va faire des étincelles dans le village minier où la fille de joie est une idole.
L’univers de Rivera est étrange. L’humour y côtoie la dérision ; l’espoir et la désillusion se chevauchent ; le sexe croise la dévotion. Quant au style, il passe d’un extrême à un autre, travaillant tant sur la familiarité que sur le soutenu. Difficile d’entrer dans cet Art. Mais, une fois le sentiment foutraque passé, on se trouve pris dans une histoire pas si linéaire, sorte de Nouveau Testament revisité avec un Jésus ronfleur et porté sur la chose. Blasphème ? Non, second degré. Car au-delà de ses airs sarcastiques, Rivera brosse le portrait de deux fous de Dieu vivant une foi à part, au plus profond de leur être.
Pas vraiment son meilleur – La Reine Isabel chantait des chansons d’amour reste l’un de ses meilleurs -, Rivera signe une œuvre atypique, distinguée par le prix Alfaguara en 2010.
L’art de la résurrection, d’Hernán Rivera Letelier, aux éditions Métailié. 240 pages, environ 19 €.

Written by Anthony Quindroit

4 octobre 2012 à 0 h 50 min

2 Réponses

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  1. […] l’indétrônable. Et le nord du pays avec ses gigantesques mines de cuivre que narre Rivera.Le sud, lui, a aussi des atours prompts à charmer les amateurs de grands espaces. La sauvage […]

  2. […] tous les auteurs qui lui envoyaient des manuscrits. C’est lui qui m’a fait découvrir Hernán Rivera Letelier ou encore Santiago Gamboa. Et il était très chaleureux. Certes, il fuyait les mondanités, il […]


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