Chili : la claque Quercia
L’actualité du Chili, ces derniers jours, c’est plus le foot qu’autre chose. Le pays, grand amateur de ballon rond, a les yeux rivés sur la Roja. Pourtant, de foot, dans cet article, il ne sera pas question. En attendant une (bonne) surprise de la sélection chilienne, le coup d’éclat chilien est à découvrir chez les libraires. Son nom : Les rues de Santiago. Son auteur : Boris Quercia.
Santiago, c’est une ville, la capitale du Chili. C’est aussi un prénom. Celui de Quiñones, flic désabusé dont la vie bascule après une intervention sanglante au cours de laquelle il est contraint de tuer un adolescent. Descente aux enfers, vieux démons. Mais aussi optimisme, réalisme, humanisme… Boris Quercia plonge son héros de chair et de sang dans un bain nauséabond émaillé de bulles d’air courtes mais salvatrices où l’amour a également droit de cité. Et le lecteur de se faire happer par ce roman noir comme les bas fonds santiaguinos. Une vraie claque que nous met cet auteur inconnu qui a accepté de répondre aux questions de Chili et carnets.
Transmises dans la langue de Neruda, les réponses ont été aimablement traduites par Isabel Siklodi.
Boris Quercia, vous êtes inconnu en France. On ne trouve votre trace qu’en tant que producteur associé d’un film chilien. Pouvez-vous vous présenter ?
Boris Quercia : « Avec plaisir. Je suis acteur et réalisateur de films pour le cinéma et de séries télévisées. J’ai beaucoup écrit, mais plutôt des scénarios. Je voudrais maintenant être écrivain.
J’ai fait des études de théâtre à l’université du Chili dans les années 1980. J’ai été l’acteur principal d’une pièce de théâtre très connue au Chili, « La negra Ester » de Roberto Parra (frère de Violeta et Nicanor Parra). Cette pièce raconte une histoire d’amour (véridique) entre Roberto et Ester, prostitué dans un cabaret du port de San Antonio au Chili. J’ai fait ensuite des vidéos jusqu’à la réalisation de mon premier film Sexo con Amor. En fait c’est plutôt mon deuxième film, car le premier fut LSD (Lutte Sociale Digitale) en 2000, qui a été le premier film enregistré en vidéo digitale ou numérique au Chili. Sexo con Amor a été vu au cinéma par un million de personnes, un vrai record à cette époque.
Apres avoir fait d’autres films, je suis passé à la télévision où j’ai dernièrement dirigé cinq saisons de la série Los 80 (Les années 1980) qui raconte l’histoire d’une famille pendant les années de dictature militaire au Chili. Les Rues de Santiago est mon premier roman. Je pense que mon parcours est assez logique : quand j’étais jeune et insouciant, j’ai fait du théâtre. Puis, lorsque je suis devenu adulte et père de trois filles, j’ai fait du cinéma et de la télévision. Maintenant que j’entame mon dernier tour sur Terre, je veux être écrivain, une belle activité pour la retraite. J’ai 47 ans mais je pense toujours à l’ avenir… »
Boris Quercia : « Je crois que mon expérience de scénariste et de réalisateur me fait essayer de décrire ce que je visualise, comme une mise en scène, et me donne envie d’offrir au spectateur les détails qui lui permettront de s’imprégner d’une atmosphère déterminée. Je n’ai pas de méthode d’écriture, à moins que le fait ne pas avoir de méthode en soit une. J’écris quand j’ai l’envie ou besoin de reprendre la vie des personnages que j’ai laissé de coté, gelé dans le temps. L’oisiveté, la lecture de journaux, les balades dans les rues de la ville, le fait de s’asseoir dans un café, de boire un verre de vin sur le zinc dans le centre-ville sont des moments aussi importants pour la création que lorsque l’on tape sur l’ordinateur. »
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